Haboura
- Edmond Fleg

- 30 oct.
- 10 min de lecture
Cette année, la Haboura de Fleg, menée par Hanna Levy, a travaillé sur un thème aussi vaste que complexe : la création du monde. Nous avons étudié les premiers versets de la Torah, en nous demandant : qu’est-ce que le tohu-bohu ? Quelle est la différence entre lumière et luminaires ? Pourquoi conclure chaque étape par “et ce fut bien” ?
Après avoir parcouru les six jours, nous avons approfondi le récit de la création de l’homme, puis de la femme. Là est apparue une question essentielle :
Pourquoi la femme est-elle créée ?
Le texte montre une différence frappante :
L’homme est créé naturellement, sans raison invoquée, comme l’aboutissement de la création — “et voici, c’était très bien”.
La femme n’apparaît qu’après plusieurs étapes : Dieu constate que “ce n’est pas bon que l’homme soit seul”, il lui confie de nommer les animaux, mais aucun n’est trouvé comme “alter ego”. Alors seulement, la femme est créée à partir du côté de l’homme.
Cette mise en scène interroge : qui ressent la solitude ? Est-ce Dieu qui la formule et agit pour l’homme, resté passif ? Ou bien l’homme lui-même, conscient d’un manque, qui cherche un partenaire ?
Vient ensuite la question du sens de cette solitude (levado). Est-elle affective, liée au besoin de partage ? Ou pratique, liée aux tâches quotidiennes ?
Le Sforno explique que l’homme, destiné à incarner l’image divine, ne pourrait atteindre son but s’il consacrait toute son énergie aux besoins matériels. Pour Rashi, un homme seul risque de se croire tout-puissant et de rivaliser avec Dieu.
Ainsi, la création de la femme apparaît comme la réponse à un manque profond : elle empêche l’homme d’être isolé, impuissant ou orgueilleux, et complète l’humanité pour qu’elle atteigne son véritable sens.
Cette année, chaque mercredi, les participantes à la Haboura de fleg orchestrée par Hanna
Levy se sont concentrées sur un épineux sujet : la création du monde.
Sujet épineux, dis-je, parce qu’il est vaste, et difficile à appréhender de manière concrète
pour nos yeux humains : Qu’est-ce que le tohu-bohu ? Quelle est la différence entre la
lumière et les luminaires ? Que veut dire “et ce fut bien” qui est exprimé après les jours de la
création ? etc..
Nous avons étudié les premiers versets et commentaires de la torah, comme le font les
élèves en classe de primaire en école juive. A une différence près : nous devions aborder le
texte avec le regard le plus nouveau possible.
Après avoir parcouru les 6 jours de la création, nous nous sommes penchées sur les versets
de la création du premier homme, puis de la première femme.
Tout en poursuivant cette lecture que nous ne connaissions que trop bien, une question
centrale, essentielle, s’est posée :
A quoi sert la création de la femme ? (chapitre 2, versets 18 à 25) Dans le texte, la raison de sa création et de son existence sont à plusieurs reprises mentionnés de manière incertaine, ce qui mérite un éclairage. Une rétrospective s’impose pour expliquer d’où vient notre question : L’homme est créé sans que Dieu n’invoque de raison, sans qu’il ne constate un manque dans l’ordre de la création. On dirait que l’homme était prévu, et que son arrivée est logique, pour venir parfaire le tout final. “Et voici, c’était très bien”, nous dit le texte une fois la création parachevée par l’homme. “ ֤ ַ ד֑ ֹאְמ בוֹ ֖ט־הֵנִּהְו ה ֔ ָשָׂע ר֣ ֶשֲׁא־לׇכּ־תֶא םיִהלֱֹא אְר ֙ יַּו ”. Ce n’est pas le cas de la femme, qui n’intervient qu’après, et dont les raisons de sa création sont invoquées. Plusieurs péripéties surviennent avant que la femme ne fasse son apparition. En voici le déroulé très succinct pour vous faire une idée de l’étrangeté du récit : - L’homme est créé - - - - - Dieu s’adresse à lui (au pluriel) et indique qu’il est possible de manger de tout, sauf de l'arbre de la connaissance Dieu fait un constat : il n’est pas bon que l’homme soit seul Il lui confie alors pour mission de nommer les animaux qu’il a créé, en les lui présentant devant lui Mais, nous dit le texte, l’homme ne trouve pas d’”alter-ego” La création de la femme intervient, à partir du côté de l’homme (anesthésié par Dieu) Nous ne discutons pas ici de la chronologie réelle des évènements : même si l'enchaînement décrit ici ne correspondait pas à la réalité, il y a tout de même un sens à dégager parce que la torah a choisi de nous l’enseigner dans cet ordre là.
Supposons donc qu’il y ait une logique à tout cela.
Mais trop de questions persistent : D’où vient le constat qu’il “n’est pas bon que l’homme soit seul” ? Est-ce Dieu qui fait ce constat pour l’homme, ou est-ce l’homme qui ressent une solitude, que Dieu veut combler ? C’est certes Dieu qui parle pour dire “ ֙רֶמא֙ ֹ יַּו ה֣ ָוֹהְי םי ֔ ִהלֱֹא בוֹ ֛ט־אלֹ תוֹ֥י ֱה ם֖ ָדאָֽ ָה וֹ ֑דַּבְל וֹ ֥לּ־הֶשֱׂעֽ ֶ א רֶז ֖ ֵע ׃וֹֽדְּגֶנְכּ ”. C’est aussi Dieu qui décide, à priori unilatéralement : “je lui fabriquerai un alter-ego”. Mais, plus loin dans le texte, une fois les animaux nommés, le sujet de l’action devient plus vague : “ ם֕ ָדאְָלוּ א֥ ָ צָמ־אֽלֹ רֶז ֖ ֵע וֹֽדְּגֶנְכּ .” Ce verset est étrange, qui est le sujet de la phrase ? Faut-il comprendre ainsi : “Et pour l’homme, Il (Dieu) n’a pas trouvé d’alter-ego” ? Ce qui donne l’impression que c’est Dieu seul qui pense à la solitude de l’homme et la désapprouve. Ou faut-il le comprendre : “Quand à l’homme, aucun alter-ego ne lui fut trouvé”, ce qui laisse planer le doute. Ici, la solitude peut tout aussi bien être ressentie par l’homme lui-même. Ce point est intéressant car il touche aux origine de l’introduction de la femme. Les deux lectures sont alors possibles : soit Dieu réfléchit et agit pour l’homme, qui, pour sa part, ne fait qu’obéir passivement sans rien demander ou recherche par lui-même. Soit, c’est l’homme qui se sent seul, qui décide d’agir pour combler un manque, et se cherche un alter ego parmi les autres créatures vivantes du monde.
On peut aussi se demander quelle est cette solitude qui justifie la création de la femme ? Que veut dire être seul dans le texte “וֹ ֑דַּבְל”? Il peut s’agir d’un sentiment de solitude qui rende malheureux, d’un besoin d’échange, de partage. Mais il peut aussi s’agir d’une solitude plus pratique, dans les travaux et tâches du quotidien. C’est la piste que suit le commentaire du Sforno du verset 18 : “L'homme, qui est censé représenter l’image divine, ne pourrait atteindre son but dans ce monde s’il consacrait tout son temps aux tâches matérielles et pratiques du quotidien”. Cette solitude serait synonyme d’impuissance, ou de bassesse, pour l’homme. Dieu a donc pu constater que l’homme était malheureux mais il a aussi pu constater que l’homme ne parviendrait pas seul à accomplir son travail dans ce monde. Ou encore que l’homme, quand il est seul, peut ressentir une toute-puissance lui laissant penser qu’il peut concurrencer Dieu lui-même.
En effet, c’est ce que Rashi expose dans son analyse du Midrash au sujet du “Il n’est pas bon que l’homme soit seul” : “ אל בוט תויה .'וגו אלֶֹּשׁ וּרְמאֹ י י ֵתְּשׁ תוֹיוּשָׁר ,ןֵה ה"ָבָּקַּה םיִנוֹילֶעָב דיִחָי ןיֵאְו וֹל ,גוּז הֶזְו םיִנוֹתְּחַתַּב ןיֵאְו וֹל גוּז תישארב) הבר ) Il fallait donc coupler l’homme pour ne pas qu’il y ait une confusion entre le Dieu unique des cieux et un homme unique sur terre, qui lui conférerait une qualité divine. Ceci va également dans le sens des paroles du serpent à la femme, au chapitre 3 : “ עֽ ָרָו בוֹ ֥ט י ֖ ֵעְדֹ י םי ֔ ִהלֹאֽ ֵכּ םֶתיִי ְהִו ם֑ ֶ כיֵניֽ ֵע ֙ וּ ֖חְקְפִנְו וּנּ ֔ ֶמִּמ ם֣ ֶ כְלׇכֲא םוֹיְבּ י ֗ ִכּ ֙ םי ֔ ִהלֱֹא ע֣ ֵדֹ י י ֚ ִכּ ַ ” Le serpent affirme que Dieu cherche à éviter une concurrence humaine, comme si celui-ci pouvait envisager de l’égaler, voire le surpasser. Cette idée étrange, d’un homme au potentiel de surpuissance, est corroborée par Dieu lui-même plus tard dans les versets (chapitre 3, verset 22).
Et la femme dans tout ça ? Est-elle là pour épauler l’homme ? Lui tenir compagnie ? Le rendre plus heureux ? L'empêcher de se croire tout puissant ? Dans les mots “Je ferai pour lui un alter-ego”, les mots “pour lui” laissent à penser que la femme a pour seule raison d’exister d'être utile à l’homme. Le texte ne précise pas quelle sera son existence propre, en dehors de l’homme.
Quand l’homme découvre la femme, il prend la parole pour la première fois, et affirme le lien qui les lie l’un a l’autre. Il affirme mê m e, en y regardant de plus près, la provenance de la femme : elle vient de sa chaire, de ses os, elle vient de lui. Elle est son prolongement.
L’homme considère l’existence de la femme comme dépendante de lui, car elle provient de lui. Cela vient diminuer la femme à ses yeux. C’est ce que les commentaires disent, comme le Sforno par exemple, selon qui l’homme ne considérait pas la femme comme son égale, au contraire.
D’ailleurs, cela l'entraîne ensuite à transmettre l’ordre de Dieu de manière erronée concernant l’interdit de consommer de l’arbre de la connaissance. La croyant inférieure à lui, l’homme dissimulera des informations en la laissant dans l’ignorance de la nature de l’arbre, ou des mots exacts de l’ordre. La question de la raison d’exister de la femme vient donc se renforcer : est-elle là pour l’homme uniquement, sans existence propre et indépendance ? Ou a-t-elle une raison d'être propre, unique ? Est-elle l’égale de l’homme dans l’ordre du monde ? Le mot égalité, je le précise ici, n’est pas un néologisme : le Sforno (sur le verset 18) en parle. Voici son commentaire sur les mots “alter-ego” : Le Sforno explique que la femme est créée comme une aide « kenegdo », c’est-à-dire face à l’homme, son égale en force morale et spirituelle, capable de lui faire face dans une confrontation d’idées ou de volontés.
Ce face-à-face est nécessaire pour l’aider à identifier ses besoins et y répondre.
Toutefois, la Torah utilise la forme « ke-negdo » - avec un kaf de comparaison - pour indiquer qu’il ne s’agit pas d’une égalité absolue, laissant ainsi place à une certaine complémentarité dans les rôles, notamment au sein du foyer. Le Sforno propose ainsi plusieurs réponses à nos questions sur le statut de la femme, sa raison d’être vis -a-vis de l’homme. Mais, comme le montre la suite des évènements de Bereshit, la femme a malgré tout son libre-arbitre, sa personnalité et un regard bel et bien indépendant de l’homme. Preuve en est : elle va transgresser l’ordre de Dieu et manger du fruit défendu.
Cela laisse à penser qu’elle a une indépendance, une existence propre, d'autant plus qu’elle aura une punition bien à elle. Punir quelqu’un, c’est le considérer responsable de ses actes.
La femme était ainsi responsable, et indépendante dans son intellect et ses actes. Nous pouvons proposer une piste de réflexion en observant la structure des versets tels qu’ils sont juxtaposés : Dieu crée l’homme, l’installe dans l’Eden, lui plante des arbres et lui donne un ordre : manger de tout, sauf de celui de la connaissance et de la vie. Dieu installe un décor, y place un acteur, des règles de jeu. Seulement, rien ne se passe.
En donnant un ordre à l’homme, Dieu lui laisse le choix d’obéir, mais aussi de désobéir. Or, aucune action ou réaction de l’homme n’est mentionnée dans le texte. c’est comme si le décor de Dieu ne prenait pas vie. Alors, un constat : il n’est pas bon que l’homme soit seul. Pourquoi ? parce que, seul, il ne prend pas de décision, il n’agit pas. Pour que sa création prenne vie, s’anime, et comprenne son sens de l’autonomie, Dieu va proposer à l’homme de se trouver un alter-ego, un partenaire dans ce monde. Ce partenaire lui permettrait de s'y confronter (kenegdo), ou d’y trouver aussi un écho (ezer), pour encourager ou décourager ses choix. Plus les versets avancent, et plus on ressent que l’homme est sous observation de Dieu. Regardons le verset 19 : Dieu veut présenter la vie animale à l’homme, “ ל־אָרְקִיּ־הַמ Pour voir comment il la nommera, individuellement, espèce après espèce. תוֹ ֖אְרִל ֑ “. Nous pouvons voir ces mots comme un test pour l’homme : il est mis à l’épreuve. Dieu lui donne une mission, une occasion d’agir sur le monde, et l’observe pour l’évaluer. “Je te donne cette mission pour voir comment tu vas choisir de nommer les animaux”.
Mais ce test n’est pas concluant, apparemment : car l’homme n’a toujours pas été complété, accompagné, et est toujours seul. “ וֹ ֽדְּגֶנְכּ רֶז ֖ ֵע א֥ ָצָמ־אֽלֹ ם֕ ָדאְָלוּ ” Le monde est toujours à son état de création primitif, et l’ordre divin n’a pas encore été ni obéi, ni désobéi. Cela concerne autant l’ordre sur les arbres de l’Eden que l’ordre de se reproduire et de multiplier, d’ailleurs, que l’homme n’a pas encore accompli. Alors, la femme doit etre créée. La femme est l’élément manquant au monde. Non pas pour le compléter, comme ce qu’a fait l’homme, mais pour l’animer, en bousculer l’ordre et apporter la réflexion humaine en accompagnement du divin.
La femme, par son arrivée, entraine l’indépendance et la réflexion humaine, mais aussi la désobéissance à l’ordre de Dieu. Mais cette désobéissance était contenue en potentiel, dans l’ordre de Dieu. L’ordre n’aurait pu être donné par Dieu que s’il y avait eu libre-arbitre. et le libre arbitre n’aurait pu etre exercé qu’avec l’introduction de la femme, cette “autre”, cet “alter-ego”, dans le monde. c’est ce que les évènements suivants prouveront. Alors, il est possible de se dire que la femme n’existe que pour compléter, assister, aider l’homme. Mais Bereshit montre bien que la complétude de l’homme et de la femme servent un but plus large et ô combien plus grand : celui d’avoir la force, en se confrontant ou en s’épaulant, d’agir sur le monde. Chacun d’entre eux, seul, suivrait l’ordre établi sans y apposer son intellect et sa matérialité. mais, ensemble, ils ont donné vie à l'œuvre de Dieu, et lui ont donné une dimension supérieure. Depuis ces premiers balbutiements de participation humaine à l'œuvre divine, nous questionnons sans cesse la place que notre humanité doit prendre dans ce monde : exercer son libre-arbitre sans offenser le plan originel, mais en le sublimant. Merci à Judith et l’équipe de Fleg de nous permettre d’étudier dans un tel cadre, chaleureux et agréable, merci à Hanna Levy de nous épauler, de nous faire nous confronter et de pousser l’étude toujours plus loin, de verset en verset, et d’année en année.
Ethel Prys-Hammer
Dimanche 13 juillet 2025
Tichea beav 5785




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